Morgan Lagravière

Nous sommes le 6 mai au matin et ça y est c’est le grand départ pour New York !

En raison des conditions météo nous avons pu retarder notre départ, initialement prévu deux jours plus tôt, nous permettant alors de profiter un peu plus de nos proches avant ce mois et demi d’absence, de compétitions et d’aventures…

 

Les amarres sont larguées, les voiles hissées et c’est parti ! La pointe de la Bretagne est déjà dans notre sillage. Les conditions sont clémentes pour cette entame de traversée avec des vents portants. Nous croisons encore quelques voiliers et bateaux de pêche avant de nous retrouver seuls au milieu de l’océan…

 

Dès le lendemain les conditions se renforcent et les fichiers météos indiquent que nous allons contourner une dépression par le nord dans des vents certes portants mais soutenus : le début de cette transat s’annonce rapide et torride… C’est un bon test pour le bateau !

 

Les quarts s’enchaînent à bord sans timing précis ni rythme particulier, notre très bonne entente et nos qualités humaines nous permettent d’organiser naturellement les différentes obligations du bord.

 

Jour 3 : Safran est en folie avec des accélérations jusqu’à 30 nœuds et une vitesse moyenne très élevée qui nous permet d’abattre les milles tel un multicoque… En revanche l’humidité, le bruit et la violence des mouvements du bateau sont le prix à payer pour envisager rallier New York sans traîner et continuer à tester notre bateau encore peu mature dans ce type de conditions.

 

Jour 4 : Crack… Gildas est à la barre et voit le gouvernail bâbord s’arracher en une fraction de seconde! Le bateau n’est presque plus contrôlable ! Branle-bas de combat pour sécuriser la machine au plus vite… La voile d’avant est roulée et on vire de bord pour naviguer sur le gouvernail tribord. Le tourmentin est envoyé et nous adoptons une trajectoire la plus sécurisée possible aux vues des conditions météo. Nous devons avertir l’équipe à terre et prendre les meilleures décisions pour la suite. La nuit sera longue, pleine de déception et ponctuée d’énormes vagues et de grosses rafales atteignant parfois plus de 50 nœuds.

 

Dès le lendemain, l’incroyable dynamique de l’équipe à terre, de notre partenaire et le soutien de nos proches nous redonnent rapidement de l’énergie, l’envie d’y croire… Au vu des prévisions pour les jours à venir, du problème technique et de la distance qui nous éloigne des côtes, nous prenons la décision de dérouter le bateau vers les Açores. Nouveau branle-bas de combat mais pour les terriens du projet cette fois-ci ! Ils doivent trouver une solution pour remplacer le gouvernail, l’envoyer aux Açores et faire en sorte que le bateau puisse continuer sa route jusqu’à New York.

 

Nous arrivons aux Açores, Stan et Ludo de l’équipe nous attendent déjà avec un nouveau gouvernail sous le bras : trop fort les gars !

Le nouveau gouvernail a été monté jeudi dernier et nous avons pu reprendre la mer vendredi 13 mai, en fin d’après-midi, vers 18h. (20h. heure française)

 

Morgan Lagravière pour le Voyage Transatlantique, mai 2016